01 Fév La place de la formation en février 2024 : observations (presque) toutes personnelles.
La formation, au-delà même de l’anglais, est entrée dans le monde des affaires…. Pas de doute. La formation est là pour permettre d’acquérir des compétences, pour réussir des examens, intégrer une école ou un poste, pour faire la différence lors d’un entretien d’embauche. Et quand une formation s’accompagne d’une certification, elle est encore plus complète et valorisée. Elle a une utilité forte, à priori, qui est de servir le monde des entreprises. Elle accompagne une internationalisation grandissante où la norme doit être par essence calibrée, standardisée, automatisée, harmonisée et référencée. Elle sert la cause d’un monde économique et financier au cœur de codes mondialisés. Ainsi la formation est passée en grande partie de l’environnement de la connaissance et de la culture à celui de la croissance (personnelle et libérale).
Donc par conséquent, et à ces fins, la formation s’adapte comme tout produit qui sait se vendre aux critères attendus. Pour étayer ma pensée, j’ai pris trois pistes de réflexions :
L’argent : La formation est devenue un secteur qui génère beaucoup d’argent et donc pour justifier de telles sommes engagées, elle se doit d’être encadrée. Pour les connaisseurs, il y a des mots qui font la tendance que l’on se murmure en confidences, comme un dernier outil acquis, une appli installée… jusqu’à la prochaine injonction. Alors, qui finance ? Les entreprises ? L’état par le CPF et les défiscalisations pour les particuliers ? Un peu comme la rénovation de sa maison dont on se rappelle les offres à 1€, l’objectif est de se former au moindre coût. Et pourtant la formation, tout comme la mise aux normes d’une maison d’ailleurs, a un prix. Et la concurrence y est féroce.
La pédagogie a elle aussi glissé vers une sorte de charte qualité exigeant une forte valeur technique dans son approche. En toute logique, comme un produit. La preuve, il suffit de s’intéresser aux contenus publiés sur le site internet LinkedIn pour en comprendre l’étendue. Des tableaux, des segmentations, des courbes, des schémas, des concepts qualité, des études scientifiques passionnantes autour des neurosciences et autres domaines. On raisonne en complexe et on introduit des contraires. On met l’apprenant au centre d’une pédagogique moyennisée*, informatisée, quantifiée et raisonnée tout en recherchant l’individualité. En attendant que l’IA le fasse pour nous car c’est bien dans cette direction que l’on tend. Nous n’en sommes qu’à une phase de transition. L’avenir dira.
Et dernier point. La philosophie de la transmission, où en est-elle ? Est-elle toujours là ? A-t-elle pris elle aussi un virage utilitariste où donner de l’éducation se résume à former sur des plateformes préconçues ou est-elle justement encore là où elle se doit être, façon hybride, un mélange d’outils nécessaires pour un apprentissage plus confortable et efficace mais orchestrée par un formateur impliqué dans ses valeurs et son travail, soucieux de faire réussir, quels que soient les moyens à mettre en œuvre?
La formation s’adapte à un marché en vogue, concurrentiel, loué et méprisé à la fois. Et pourtant, sans une vraie formation, sans un « artisan » de la transmission à nos côtés, difficile selon moi de réussir à grandir dans un système en pleine mutation avec des enjeux de poids.
* NDLR : Merci Louis pour ce terme qui complète ma pensée.
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